
Au Japon, la fête appelée Setsubun (節分) est très importante.
Des festivals s’organisent dans le pays entier pour célébrer le changement de saison le plus important de l’année : l’arrivée du printemps selon l’ancien calendrier lunaire (calendrier agricole d’origine chinoise).
Tout comme pour Imbolc, les japonais font fuir les mauvaises énergies et attirent la bonne fortune. La tradition est de lancer des haricots par la fenêtre en criant “dehors les démons, dedans le bonheur” (Oni wa soto! Fuku wa uchi!).
On peut souvent entendre cette fête être appelée la fête du lancer de haricot. Cette année, Setsubun se célébre le 3 février 2024 !
Origine
« Setsubun » désigne littéralement les nœuds du bambou qui séparent chaque section du tronc. Ces sections symbolisant chacune une saison, le setsubun est le moment charnière du passage d’une saison à l’autre. Il existait donc autrefois quatre fêtes de Setsubun, dont seule celle du « commencement du printemps » (立春, risshun), est encore célébrée de nos jours, le passage de l’hiver au printemps était considéré comme charnière d’une année à la suivante.
Cette célébration, d’origine chinoise, pénétra au Japon aux environs du VIIIe siècle (époque de Nara).
À l’origine, Setsubun était une cérémonie d’exorcisation appelée tsuina (追儺) qui, à partir de la période Heian (IXe – XIIe siècles), fut célébrée de deux manières différentes. D’une part, elle devint une grande fête de palais, où les nobles chassaient à l’arc les mauvais esprits, et d’autre part, une fête religieuse, où les mêmes mauvais esprits étaient alors exorcisés à l’aide de haricots de soja (大豆, daizu).
Il faut attendre la période Muromachi pour voir les deux cérémonies fusionner à nouveau.
Au milieu du XVe siècle naît un récit qui aurait popularisé le rite tsuina. Il raconte que, lorsqu’un démon était apparu sur le mont Kurama à Kyoto, celui-ci fut exterminé par un lancer de haricots de soja.
À partir de la période Edo, la fête de Setsubun se démocratise et prend une forme proche de celle qui est pratiquée de nos jours.
Cérémonie moderne
Setsubun est célébrée la veille de risshun, dont les dates sont fixées par l’Observatoire astronomique national du Japon selon les positions relatives de la Terre et du Soleil. Ainsi, Setsubun est le plus généralement le 3 février, mais il arrive qu’il tombe le 2 ou le 4 février.
À la maison
De nos jours, la tradition la plus connue de Setsubun est le mame-maki (豆撒き). Il s’agit de lancer (撒く, maku, « semer ») des graines de haricots (豆, mame) grillées par la fenêtre des maisons en criant alternativement « Oni wa soto ! Fuku wa uchi ! » (鬼は外 ! 福は内 !), ce qui signifie « Dehors les démons ! Dedans le bonheur ! ». Il s’agit donc de faire fuir les forces néfastes incarnées par les oni (démons) qui cherchent à envahir le foyer chaque nouvelle année et d’attirer la bonne fortune dans la maison.
Le pouvoir du mame-maki vient d’un jeu de mots : si un haricot (mame) entre dans l’«œil d’un démon» (ma-me), le «démon est anéanti» (ma-me).
Une autre tradition veut que l’on mange un long maki appelé ehōmaki en un seul morceau, dans la direction ehō (恵方) afin d’être heureux le reste de l’année. Ehō est la direction annuelle d’eto (干支), qui représente les douze signes du zodiaque chinois. Cette tradition venue d’Osaka, où elle est appelée « marukaburizushi » (« rouleau de sushi croqué tel quel »), s’est répandue en 1998, après que la chaîne de konbini 7-Eleven l’a commercialisé sous le nom d’ehōmaki.
Au temple
Au sein des temples, la tradition varie. Certains ne gardent qu’une partie de l’exclamation : « Le bonheur dedans ! », tandis que d’autres invitent au contraire à l’intérieur les démons, qu’ils considèrent comme des divinités ou comme leurs envoyés.
Le Setsubun consiste à se débarrasser des mauvais esprits et à attirer la chance pour le printemps
On dit que les mauvais esprits sont plus actifs lors des changements de saison, il est donc nécessaire de chasser les esprits avant l’arrivée du printemps.
La malchance est symbolisée par un volontaire (généralement le père si la fête a lieu à la maison !) déguisé en oni (鬼) ou démon/ogre japonais.
D’autres personnes jetteront alors des graines de soja grillées sur cette personne, et la poursuivront hors de la maison en criant « Oni wa soto ! Fuku wa uchi ! (鬼は外、福は内), littéralement « Démons dehors, bonne chance dedans ! ».
On dit que les Oni sont porteurs de maladies, de famines et de catastrophes naturelles et les gens voudront donc passionnément qu’ils disparaissent ! Les démons s’enfuient, la malchance accumulée tout au long de l’année les accompagnant.
Pourquoi des haricots ?
Il existe plusieurs théories, mais l’une d’entre elles réside dans le fait que le soja est de bon augure et abrite le dieu des céréales. En outre, le processus de torréfaction des graines de soja en japonais est appelé « mame o itaru »「豆を炒る」, ce qui peut également signifier « tirer sur les démons dans les yeux »「魔目を射る」 !
Avec un peu de chance, tous ces lancers de haricots vous donneront faim, car une fois que le démon a été expulsé avec succès et qu’il revient dans la maison en tant que dieu porteur de chance, chacun mange le nombre de haricots correspondant à son âge (plus un pour la chance). Cette pratique est censée éloigner les maladies et les démons.
Futomaki (sushi roulé épais) : Ehoumaki
Il est traditionnellement composé de sept ingrédients différents, en référence aux sept dieux de la bonne fortune appelés Shichifukujin, mais peut contenir de 3 à 10 ingrédients.
Les garnitures traditionnelles sont le shiitake mijoté, le concombre, le kanpyo (lamelles de courge) assaisonné, l’anago ou l’unagi, les crevettes, le sakura denbu (morue séchée) et le tamagoyaki (omelette japonaise roulée).
La seule chose importante à propos de l’ehoumaki est que vous devez le manger non coupé, tout en faisant face à la direction de la boussole porte-bonheur de l’année (déterminée par le symbole du zodiaque de l’année) et en faisant un vœu en silence.
Couper des aliments à l’approche de la période du Nouvel An est considéré comme un mauvais présage.